Valentin Musso : « J’ai pris la liberté de mentir vrai »

Valentin Musso : « J’ai pris la liberté de mentir vrai »

L’auteur antibois Valentin Musso s’est lancé en 2016 dans l’écriture d’un roman. Cette fiction repose sur un important travail de documentation. Qu’à jamais j’oublie est sorti il y a quelques mois et témoigne des liens étroits qu’il est possible de nouer entre fiction et vérité historique en littérature.

Valentin Musso construit son intrigue autour des internements administratifs ayant eu lieu en Suisse durant une grande partie du XXe siècle. L’enquête criminelle mène le personnage de Paris à Genève sur les traces de ses traumatismes familiaux. Et c’est dans la Suisse des années soixante qu’il trouvera la réponse à ses interrogations.

L’auteur a eu l’idée de ce thriller, il y a maintenant cinq ans : “J’avais écrit le prologue et le premier chapitre mais je n’avais pas assez d’éléments historiques. J’ai dû attendre 2019 que des archives soient rendues publiques pour m’y remettre.” Il se plonge alors dans les documents et les témoignages publiés par une commission d’experts. Un travail long et solitaire qui lui a permis de se lancer dans l’écriture de Qu’à jamais j’oublie. L’ouvrage plonge dans l’histoire tragique d’environ 60.000 personnes, dont beaucoup d’enfants, placées de force de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1981. Ces internements administratifs se répartissaient dans plus de 600 lieux, des foyers, des orphelinats, des fermes et même des prisons.

Se détacher des archives pour « laisser place au travail de l’écrivain »

“J’ai pris la liberté de mentir vrai.” Valentin Musso emprunte ce concept à Balzac pour expliquer sa démarche littéraire. Le foyer de SainteMarie, dans lequel se déroule une partie du récit, n’a jamais existé. “Par respect pour les victimes, j’ai préféré inventer un lieu.” Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il procède ainsi. Dans Les cendres froides, il avait aussi inventé une maternité nazie pour la même raison.

“Plus j’écrivais, plus je me rendais compte que ce livre portait un message important.” Raconter les violences psychologiques et sexuelles vécues par des milliers d’enfants est une tâche délicate, comme celle de retranscrire l’ambiance dans un foyer pour jeunes filles dans les années soixante. Valentin Musso vise à “atteindre la vérité par la fiction”. Il allie son imagination à ses connaissances pour ne gommer ni sa personnalité littéraire, ni la réalité des faits. “Quand on aborde un sujet historique, surtout du XXe siècle, on est obligé de passer par la documentation, mais le risque c’est d’écrire sur les archives. Il faut savoir s’en détacher. » Pour laisser place au travail de l’écrivain.

Jessica Granato

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