Un “regard de femme” se pose sur le festival

Cette année, les éditions Parole sont les invitées d’honneur de la section Littérature et Essais du festival. Avec sa collection “Main de femme”, le féminin est mis en avant et s’ouvre à tous.
« Je ne suis pas autrice, je suis auteur.” Anis Meilhan est femme oui, mais écrivain avant tout. Elle ne souhaite pas limiter son activité à son identité sexuelle “ce qui compte, c’est ce que l’on fait, pas notre sexe”. Elle sera présente au festival à partir de vendredi et y présentera son nouveau livre Entrée en matière, publié aux éditions Parole.
Un prisme féminin
La petite maison d’édition, qui n’était pas venue au festival depuis 2006, veut permettre aux auteurs, aux autrices, de rencontrer les lecteurs, les lectrices. Et cette vision, le père fondateur des éditions Parole l’explique de façon très parlante “On veut faire goûter les livres aux lecteurs, pour qu’ils puissent savoir s’ils vont l’aimer.”
Pour mener à bien cette gastronomie littéraire, Anis Meilhan est accompagnée de nombreux auteurs et autrices comme Laure Sorasso, Nancy Huston, ou Félix Chabaud.
Le fondateur, Jean Darot, souhaite avant tout s’adresser aux femmes : “4 lecteurs sur 5 sont des femmes, il y en a aussi beaucoup qui écrivent. On a trouvé judicieux de leur permettre de lire les écrits d’autres femmes.” C’est dans cette optique que la collection “Main de femme” voit le jour, une sélection de romans écrits par des femmes, souvent inconnues, et qui ont des choses à dire. “Une femme peut vivre les mêmes choses qu’un homme, mais c’est toujours un point de vue féminin et donc un regard différent.”
Une démarche à “double tranchant”
Cette vision, bien que censée défendre la place des femmes dans l’écriture, est contestée par certaines. Pour Anis Meilhan, “il y a un côté à double tranchant dans la tendance féministe qui cible un public alors qu’on devrait l’ouvrir aux autres.” Pour elle, la collection “Main de femme” ne doit pas être restreinte à un public seulement féminin.
D’ailleurs, son ouvrage est le parfait exemple de cette problématique. “Entrée en matière”, c’est l’histoire de l’atome. En dressant le portrait d’une femme qui s’intéresse à la science, l’auteure souhaite éduquer sur un sujet complexe tout en s’affranchissant des stéréotypes. “Entrée en matière n’est pas dans la collection, l’éditrice trouvait que Main de femme était plus lue par des femmes que par des hommes et que ça allait être restrictif par rapport au livre, c’était dommage de le restreindre.” Les ouvrages féminins sont encore majoritairement perçus comme réservés aux femmes.
Jessica GRANATO et Lola DRAVET
Photo : Tanguy TRICOIRE