« Mouans-Sartoux n’a pas hésité à accueillir des Harkis »

Fatima Besnaci-Lancou est fille de Harkis, historienne, co-fondatrice de l’association Harkis et droits de l’homme et marraine de l’association Mahras (Mémoire et Avenir des Harkis, des Rapatriés d’Algérie et de leurs Sympathisants). Au Festival du Livre cette année, elle présente son dernier ouvrage.
Son livre, Exil et détention pendant la guerre d’Algérie : mémoires photographiques et historiques, recense des témoignages et plus de 600 photographies du CICR (Comité International de la Croix Rouge) dans des camps français de détention, de regroupement et de réfugiés.
Depuis 20 ans, l’autrice est une habituée du Festival du livre. Son premier ouvrage était une autobiographie et un chapitre entier était consacré à Mouans-Sartoux. Revenir ici, là où elle a vécu une grande partie de son adolescence après son retour d’Algérie, « c’était très émouvant la première fois ». Depuis sa première édition, le Festival de Mouans-Sartoux rend hommage aux Harkis. Un combat et un devoir de mémoire que la ville honore chaque année. « Mouans Sartoux n’a pas hésité », explique l’autrice en évoquant l’accueil par cette ville d’une trentaine de familles de Harkis en 1964.
« Abandonner quelqu’un, c’est le déshumaniser »
Le thème du Festival questionne le fait d’être humain, son livre éveille les consciences sur l’inhumanité. « À un moment de leur histoire, les Harkis n’ont pas été traités comme des humains par le gouvernement français, abandonner quelqu’un c’est le déshumaniser », accuse-t-elle. Pour Fatima Besnaci-Lancou, être humain « c’est être au service de l’autre, l’aider, le secourir, l’entendre. Être humain, c’est universel et c’est d’actualité avec toutes les personnes sur les routes qui fuient la violence. Être humain, c’est ouvrir sa porte. »
Laura HUE

Les Harkis
Les Harkis, réalisé par Philippe Faucon est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2022. Il évoque, entre autres, la décision d’un lieutenant français de désobéir à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement de tous les Algériens de son unité qui avaient rejoint l’armée pendant la guerre. « Le film, c’est pour rendre hommage à des humains qui ont sauvé d’autres humains », analyse Fatima Besnaci-Lancou.
Pendant la guerre d’Algérie, les Harkis s’engagent aux côtés de l’armée française. Début des années 60, les Harkis restés sur le sol algérien sont victimes de représailles par le FLN. On estime entre 60 000 et 80 000 Harkis victimes de persécutions.