Marie-Louise Gourdon : « Mon idéal, c’est de transmettre »

Marie-Louise Gourdon : « Mon idéal, c’est de transmettre »

Qu’est-ce que l’idéal pour vous ?

Si je réfléchis à mon idéal, je suis pleinement dedans : c’est de transmettre. Je crois que j’ai passé ma vie à donner envie aux gens de lire, d’aller plus loin. Déjà moi-même, ensuite ma famille et autour de moi. Je réalise dans le festival, au fil des années, mon idéal.

Le festival est aujourd’hui un modèle en matière d’écologie. Etait-ce déjà une priorité il y a 30 ans ?

Peut-être que c’est un chemin qu’on a suivi. On a eu 30 ans devant nous pour y arriver. Quand on a créé le festival, on ne pensait pas qu’on allait devenir ça. Il y a 30 ans, l’écologie était un mot qui existait à peine, même l’humanisme, les droits humains… C’est vrai qu’on a vraiment mis ça sur la table. Notre commune l’a fait aussi : depuis des années, on a creusé un sillon. Au début, on était très seuls, on est contents qu’aujourd’hui beaucoup nous aient rejoints.

Avez-vous le sentiment d’avoir changé les choses ?

Je pense que oui parce qu’on a joué un rôle de forum fédérateur en parlant de choses dans une région où avant nous, avant le festival, elles n’étaient jamais traitées. On a invité les plus grandes sommités à parler de sujets nouveaux, avec des idées nouvelles. Au fil des 30 ans, je le sais, je pourrais presque le mesurer, ce que ça a donné dans la région au niveau du développement des idées, pas seulement écologistes, mais humanistes, droit des femmes…

Quel est votre pire souvenir ?

C’était durant la quatrième ou cinquième édition du Festival du livre. On n’était pas encore très aguerris dans l’accueil des auteurs. On avait invité Cabu en contactant sa maison d’édition. Je suis arrivée tranquillement à l’aéroport de Nice pour l’accueillir… et il n’était pas là ! La maison d’édition n’avait en fait pas transmis l’invitation. Et je n’avais pas tout vérifié de A à Z. Je me suis donc retrouvée à l’aéroport avec des journalistes de France 3 qui attendaient avec moi pour rien. Je me suis dit : « Bon bah on apprend le métier ! »

Et le meilleur ?

Peut-être ma rencontre avec Taslima Nasreen. C’est une féministe bangladaise qui était victime d’une fatwa (un avis juridique islamique) dans son pays, car elle revendiquait sa liberté d’expression en tant que femme. Elle est venue trois fois à Mouans-Sartoux. C’était un honneur de la connaître et de la recevoir. Pour moi qui suis déjà pleinement féministe, Taslima Nasreen est un exemple de courage. Malgré la prison, la torture, elle continue à militer.

Marvin Guglielminetti
Elise Pontoizeau