Les affiches du festival expriment l’air du temps depuis 1988

L’affiche de cette 34e édition célèbre la vie avec un graphisme haut en couleurs. Ce ne fut pas toujours le cas.
En 34 ans, la charte graphique du Festival du livre de Mouans-Sartoux a beaucoup changé. À son lancement en 1988 et pendant dix ans, c’est un chat en calligramme qui occupe l’affiche. « Le chat plaisait beaucoup, c’est un fétiche national se souvient Marie-Louise Gourdon, fondatrice du festival, mais un jour on en a eu marre, alors en 1999, pour illustrer le thème Les Défis du deuxième sexe, on a opté pour un visuel complètement différent, orange vif, et avec La Liberté guidant le peuple. » À partir de là, l’affiche change chaque année. Au fil des éditions, le festival investit de nouvelles thématiques (écologie, droits des femmes, engagement de la jeunesse). Les affiches s’en inspirent et s’étoffent, jusqu’en 2011.
Garder une cohérence entre le fond et la forme
Cette année-là, un concours est lancé afin de ré-imaginer l’identité visuelle de l’évènement. « On avait envie de changement, mais il fallait aussi préserver une cohérence entre le visuel et le thème du festival », indique Marie-Louise Gourdon. Le slogan annuel pose alors une question qui préfigure l’avenir : « Où allons-nous si vite ? ». C’est finalement la proposition de Cyril Terrier, graphiste freelance originaire de Nice, qui est retenue. À la fois poétique et inquiétante, l’affiche représente un enfant, dont le visage – et les pensées, on le devine – se mêle à un paysage industriel en surimpression.

Célébrer le livre, sans jamais le représenter
Dix affiches plus tard, Cyril Terrier continue à donner corps à l’identité graphique du festival, grâce à un important travail de collaboration avec l’équipe organisatrice. Depuis quelques années, la tendance est à l’abstrait. Mais si la main qui esquisse s’affranchit des codes du figuratif, elle doit tout de même respecter une règle, la même depuis toujours : incarner le livre, sans jamais le représenter. Car « tout ne tourne pas autour du livre dans ce festival, indique Cyril Terrier, il y a aussi des conférences, des rencontres, des déambulations, toute une vie à représenter. » D’où la dimension organique de la 34e affiche, qui apporte le renouveau, après une année d’absence due à une pandémie mondiale. Une explosion de couleurs sur un fond violet – évocateur de maturité – vient y célébrer, comme un feu d’artifice, la vie qui « toujours invente ».
Eden ARMANT-JACQUEMIN