Lecture mix : « Ici, je ne fais pas bouger les corps, mais ce qu’il y a dans les têtes »

Ce samedi, l’écrivain Hadrian Bels et le DJ Nassim se sont associés le temps d’une lecture mix de l’ouvrage Cinq dans tes yeux. Ce texte retrace l’enfance marseillaise d’un jeune garçon dans les années 90. La lecture mix permet d’immerger le lecteur au sein du récit en déclamant des extraits intégrés à un univers sonore.
La scène qui se déroule au parc du château est étonnante. Avec vigueur et un fort accent marseillais, Hadrian Bels scande « Oh si tu continues de faire le malin avec moi, je vais te mettre une patate dans la bouche ». Derrière lui, le DJ Nassim utilise ses platines et crée une tension croissante au sein du public. On est sur le vieux port de Marseille, ou plutôt dans les allées du quartier du Panier, qui ont bercé l’enfance de Bels.
Tout est fait pour que les auditeurs soient plongés dans le récit. On déambule avec l’auteur dans les rues du Marseille de son enfance accompagnés de sa bande de potes. À la fin de la lecture, le performer s’éloigne de son micro pour s’adresser sans artifice à son public. Hadrien Bels est devenu Stress, le personnage principal du livre.
Marseille en musique
Pour mettre en son l’âme de Marseille, Nassim DJ utilise un panel musical très riche. La bande son est un mélange hétéroclite d’influences. Des artistes emblématiques de Marseille, tels que IAM, Imhotep, la Fonky Family, tous du Panier, côtoient du créole, de l’électro, de la cumbia ou du gangsta rap. « Marseille est une ville cosmopolite et c’est pour ça qu’on va retrouver de tout. L’idée, c’est d’évoquer un personnage tiraillé entre deux mondes : les racines populaires du Panier, des quartiers de Marseille et la vie adulte assez bobo et plus ouverte culturellement. Ce concept de lecture Mix, c’est une sorte d’opérette 2.0 » explique le musicien.
Changer sa manière de travailler
L’artiste a découvert à Mouans-Sartoux un nouveau public. « C’est assez excitant et exotique de jouer pour des auteurs, des éditeurs et des amateurs de belles lettres. En soirée, j’ai l’habitude de jouer pour faire bouger les gens. Ici je joue pour un public assis, qui parfois va même fermer les yeux. C’est plus sensible et émotif que ce qu’il se passe sur un dance-floor. Je ne dois pas faire bouger les corps, mais ce qu’il y a dans les têtes » confie le DJ.
Le musicien à dû s’adapter et changer sa manière de travailler pour immerger l’auditeur dans le récit, et personnifier Marseille en la faisant planer au dessus de la scène.
Brieuc Leturmy-Perrocheau