« Le lien entre la musique et la littérature est permanent »

Partenaire du festival depuis plus de 15 ans, l’Orchestre de Cannes est présent cette année pour interpréter la 4e Symphonie de Gustav Mahler, en collaboration avec Cyril Dion. Le documentariste lira des textes écrits spécialement pour ce concert. Une lecture musicale dont Benjamin Levy explique le processus.
Comment décidez-vous de ce que vous allez présenter ?
On nous donne le thème du festival, puis je réfléchis à des pièces qui auraient un sens dans la programmation. Cette année, j’ai choisi la 4e de Mahler.
Pourquoi ce choix ?
Dans les années 20, Arnold Schönberg avait fondé la Société privée d’exécution musicale, dont le but était de faire jouer en petit effectif des transcriptions de pièces pour grand effectif, pour pouvoir les jouer un peu partout.
Quand on m’a donné le thème, « Toujours la vie invente », j’ai pensé à la façon dont, pendant la crise sanitaire, beaucoup d’orchestres ont rejoué des arrangements de grandes symphonies en plus petits effectifs pour respecter la distanciation sociale. J’ai choisi de faire une symphonie arrangée, prévue d’abord pour une centaine de musiciens.
Comment la pièce est-elle liée aux textes de Cyril Dion ?
Cette symphonie de Mahler, elle est aussi très proche de la nature. Quand elle est composée, en 1899, Mahler avait été nommé directeur musical de l’Opéra de Vienne depuis deux ans. Il était donc très occupé et n’avait pas pris de vacances. Il a ressenti le besoin de passer du temps loin de l’agitation de la ville pour composer à nouveau, et c’est là, dans la campagne, que cette pièce est née. J’ai trouvé que ça résonnait avec la présence de Cyril Dion, avec son engagement pour l’environnement et l’écologie.
Cyril a écouté la symphonie et a écrit des textes en fonction de ce qu’elle lui inspirait.
Pour vous, quelle est la relation entre littérature et musique ?
Elle est énorme, elle est multiple. Beaucoup de pièces ont été écrites à partir de textes, beaucoup sont des musiques de scène, qui existent pour mettre en valeur un texte, qui l’illustrent. On dit souvent que la musique est là quand les mots ne suffisent plus, ou pour aller au-delà du texte. Mais beaucoup de musiques sont aussi des miroirs du texte. Le lien entre la musique et la littérature est permanent, c’est une part importante et indispensable de notre métier.
Thalia DANSAC et Lola DRAVET
Photo Lola Dravet