« La biodiversité n’est pas un truc de bobo écolo, c’est notre maison »

Ce samedi 3 octobre, Marie-Monique Robin est venue présenter sa nouvelle enquête, La Fabrique des pandémies, dans laquelle elle retrace avec une clarté impressionnante l’émergence des épidémies dans le monde. Sur place, la journaliste a rencontré un public curieux et pour le moins averti.
Dans la salle Léo-Lagrange, l’atmosphère est électrique et le public au rendez-vous pour rencontrer la journaliste venue présenter La Fabrique des pandémies. “Marie-Monique, elle est super cette femme”, souffle une spectatrice, tandis qu’une autre lui répond, fébrile : “Son livre, ça a été une révélation ! »
“J’attendais le moment où quelqu’un comme vous m’appellerait”
“Pour faire un livre, je pensais qu’il fallait rencontrer des gens, mais en fait, malgré l’étrangeté de la situation, on se concentre sur la voix. Et le résultat des interviews en visio est puissant.” Pour préparer son enquête, Marie-Monique Robin a lu beaucoup d’études et rencontré par écran interposé soixante-deux scientifiques internationaux, tous spécialistes de la question des épidémies : épidémiologistes, virologues, zoologues, etc.
“Je ne suis qu’une passeuse”, affirme la journaliste. Pour répondre à des questions devenues des enjeux de santé publique avec la pandémie, l’autrice s’est adressée à Serge Morand, écologue et spécialiste en écologie parasitaire. La réponse du scientifique a marqué Marie-Monique Robin : “J’attendais le moment où quelqu’un comme vous m’appellerait”.
C’est un échange : « Je suis journaliste spécialisée en sciences, mais j’appelais Serge régulièrement pour avoir des précisions. Je ne peux écrire quelque chose que lorsque je suis sûre de l’avoir parfaitement compris. »
Marie-Monique Robin se rend bientôt en Thaïlande, où elle va rencontrer pour la première fois celui qui a préfacé La Fabrique des pandémies. Un voyage parmi de nombreux autres pour la journaliste qui s’apprête à adapter son livre en documentaire.
“Je suis passée d’Atlanta à Mouans-Sartoux”
Malgré les contraintes sanitaires qui rendent le voyage difficile, la réalisatrice du Monde selon Monsanto a déjà pu commencer le tournage de l’adaptation documentaire de son enquête.
« Hier j’étais à Atlanta et aujourd’hui à Mouans-Sartoux », s’amuse la journaliste, encore sous le coup du décalage horaire. Mexique, Guyane, Gabon, France et bientôt Thaïlande : Marie-Monique Robin est allée prendre sur place — dans les grottes, les forêts, ou encore les mangroves — les images pour illustrer la biodiversité en souffrance dont parle son livre. “On essaie de faire de la qualité, sur le fond et la forme, souligne l’auteure, qui a par ailleurs lancé une cagnotte en ligne pour le financement du projet. Le futur film documentaire est soutenu par trente partenaires, dont l’Unesco, l’Inrae, le Cirad, pour n’en citer que quelques-uns.
Sur le tournage, la journaliste est accompagnée par une invitée surprise. « J’ai rencontré Juliette Binoche fortuitement, indique-t-elle dans le documentaire, sa candeur contraint les scientifiques à faire un effort pédagogique plus important. » Un travail d’équipe qui fait écho à la vision holistique, c’est-à-dire globale, défendue par l’autrice : « La biodiversité n’est pas un supplément d’âme pour bobo écolo vélo, c’est notre maison ! » A Mouans-Sartoux ce dimanche, sur un autre continent la semaine prochaine. Le combat continue.
Arnaud Ciaravino et Eden Armant -Jacquemin