Modérateur au festival, une affaire de passion

Pour cette 34e édition, plusieurs dizaines de modérateurs et présentateurs accompagnent les débats. Un art subtil, une vocation.
« On l’entend de loin, impossible de le rater ! » s’exclament en riant les exposants qui font face au QG de Loïc Herval, présentateur du festival. Depuis 27 ans, l’animateur radio ne se lasse pas de revenir chaque année pour faire résonner sa voix dans les allées de Mouans-Sartoux. « Mon micro passe dans toute la ville », glisse-t-il en souriant. Pendant les trois jours, il reçoit dans son café littéraire auteurs et cinéastes, présents sur le festival.
Pour lui, une animation réussie doit avant tout faire connaître les livres. Poser les bonnes questions, mettre à l’aise les auteurs et apprendre à minimiser la pression du regard des autres. Voici les qualités d’un bon animateur. « Ce travail, c’est une question d’empathie, raconte Loïc Herval, que la lumière que projette l’écrivain pendant l’interview soit récupérée par l’animateur ». Loïc Herval utilise parfois ses compétences de journaliste pour « modérer » – c’est-à-dire rythmer – les débats qui ponctuent l’événement. Un exercice qui exige une préparation en amont pour connaître les auteurs et les livres et pondérer efficacement les échanges.
Le modérateur, « sourcier des livres »
Et ce n’est pas Yves Ughes qui dira le contraire. Professeur de lettres retraité, il modère des débats sur le festival depuis dix ans, et pour lui, c’est toujours un « très grand honneur » : « Je lis les livres de A à Z, très attentivement, pour avoir une dizaine de questions à poser, et ensuite, je pilote le débat à vue », explique-t-il. Le travail de modérateur demande de s’effacer derrière l’œuvre pour laisser émerger le point de vue de l’auteur. « Il est comme un sourcier qui vous guide : ici, la source, c’est le cœur du livre ». Yves Ughes guide donc, mais avec subtilité : « Il faut savoir aborder un livre sans tout raconter, mais en présentant ses aspects forts ».
Pour l’amoureux de littérature, qui est lui-même auteur, tous les entretiens menés sur le festival de Mouans-Sartoux ont été des rencontres marquantes, menées par la passion des livres et l’idée de partager la beauté qui en émerge.
Pas forcément des journalistes
Au bout du compte, ce sont vingt-huit modérateurs, pas forcément des journalistes, qui participent à l’organisation des différents face-à-face entre auteurs, avec la présence active du public. « Il y aura des auteurs, des professeurs, des consultants… ils apporteront une richesse indéniable aux discussions », assure Loïc Herval avec enthousiasme. Un vrai travail d’équipe qui doit s’effectuer à l’avance et avec précision. Pour ce 34e festival, la lumière sera mise sur plusieurs dizaines d’auteurs choisis parmi les quelque trois cents présents. Savoir qui mettre en avant, qui faire débattre avec qui, sont des choix délicats : « On ne doit froisser personne ».
Eden ARMANT-JACQUEMIN et Arnaud CIARAVINO
Photo Eden Armant-Jacquemin