« Au lieu de rester sur la solitude et le silence de la page, je fais vivre le texte »

« Au lieu de rester sur la solitude et le silence de la page, je fais vivre le texte »

Cela fait trois ans qu’Alain Damasio a croisé le chemin du guitariste Yann Péchin. Trois ans d’un travail collaboratif où l’auteur met en musique les textes de son dernier ouvrage, Les Furtifs. Le duo était sur scène ce samedi au Festival du livre de Mouans-Sartoux.

Le prodige de la science-fiction française, Alain Damasio porte désormais aussi la casquette de slameur. Depuis 2019, il se produit sur scène pour poser ses textes sur de la musique. Cet exercice enchante l’auteur de La Horde du contrevent, qui attend avec impatience chaque nouvelle représentation. « Ça apporte une incarnation, une mise en corps du texte au lieu de rester sur la solitude et le silence de la page. Tout d’un coup par la voix, je fais vivre le texte, je le fais vibrer, je le mets en trois dimensions. » Son passage à Mouans-Sartoux ce week-end était l’occasion pour lui de livrer une nouvelle prestation, qui a enthousiasmé le public du festival.

Le guitariste d’Alain Bashung pour Alain Damasio

Sur scène, le guitariste Yann Péchin accompagne la voix de l’écrivain. Ce musicien, qui a joué aux côtés d’Alain Bashung ou de Jane Birkin, est un véritable virtuose. Les mélodies lancinantes qui jaillissent de sa guitare, tantôt électrique, tantôt électro-acoustique, imposent une atmosphère saisissante qui colle aux écrits d’Alain Damasio.  « Le pauvre, il y a eu une baisse de niveau, il est passé d’Alain B à Alain D », s’amuse l’auteur. Ce dernier n’a cependant pas à rougir de sa prestation. Au-delà de la finesse de ses textes, l’écrivain démontre une véritable qualité d’interprétation. Lorsqu’il incarne Sahar, une mère désespérée par la disparition de sa fille, sa voix s’élève et se brise, faisant frémir toute l’audience.

« La seule musique que je maitrise est celle du langage »

Un projet ambitieux pour l’artiste qui n’avait aucune notion musicale. « La seule musique que je maitrise, c’est celle de la syntaxe, des allitérations, la musique du langage », explique-t-il. Entre chaque morceau, il en profite pour raconter l’histoire des Furtifs, son dernier roman, ou tout simplement livrer avec authenticité ses pensées et ses convictions. Des interventions parsemées de notes d’humour avisées, qui font mouche à chaque fois. Une prestation scénique qui a su convaincre les spectateurs, si l’on se fie aux pluies d’applaudissements que reçoivent les deux artistes durant tout le concert.  

Mathieu OZANNE

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